« Je peux passer une journée entière à préparer une blague, ce qui est un problème dans la vie »


Sébastien Frit, au restaurant Alcazar, dans le 6e arrondissement de Paris, le jeudi 23 mars 2023.

Seb ne cesse de le répéter dans ses vidéos : « L’aventure est toujours synonyme d’imprévu. » L’adage se vérifie ce 23 mars, puisqu’il nous faut changer de point de chute au dernier moment, pour cause de manifestation parisienne… Ce sera donc à l’Alcazar, ex-cabaret du 6arrondissement. Le vidéaste découvre ce restaurant avec d’autant plus d’enthousiasme que le barman – un fan – lui propose un Couleur pourpre, cocktail à base de gin et de groseilles. Or, Seb adore les groseilles.

Seb ? Pour Sébastien Frit, alias « Seb la Frite » – quitte à être moqué pour son patronyme, autant pousser la blague à fond et en faire un pseudo à succès. Les 18-30 ans ont grandi avec lui et constituent la moitié de son public ; les 13-17 ans les ont suivis ; certains parents en ont entendu parler… Pour les autres, Seb est ce qu’on appelle un « créateur de contenus », essentiellement des vidéos qu’il met en ligne sur sa chaîne YouTube. A 26 ans, dont dix de carrière, il est un des meilleurs, suivi par 5,2 millions d’abonnés sur YouTube et 3,2 millions sur Instagram.

« Je peux passer une journée entière à préparer une blague, ce qui est un problème dans la vie. Parce qu’il y a tellement d’autres choses à faire », confie le jeune homme. Ce qui distingue Seb des autres youtubeurs, c’est d’abord son côté relax (il dort « comme une marmotte ») et son autodérision. Donnez-lui un défaut, il en fait une qualité. Alchimie qui ne fonctionne pas que pour son nom : de la banalité des traits de son visage – selon lui –, il a fait un compte Instagram, @presque_seb, consacré à ses presque sosies, qui cartonne auprès de ses 245 000 abonnés.

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Sa popularité, il la doit ensuite à ses sketchs, des « dingueries » où il tourne en dérision l’absurde des réseaux sociaux ; à ses biographies filmées (Amy Winehouse, Elvis Presley) ; à ses raps ; mais aussi à ses défis, comme lorsqu’il vole attaché à un avion, façon Belmondo dans L’As des as ; ou, en même temps qu’il tente de passer le permis, court le Grand Prix Explorer de formule 4, organisé au Mans par Squeezie, devant 1 million de viewers sur Twitch – un record absolu.

Faux candide

Avec les années, Seb s’est mis à aborder des sujets sérieux tout en restant drôle et didactique. Dans ses « Carnets de voyage », en 2017, il relaie la détresse des Rohingya, en Birmanie, couplant son besoin vital de voyager – « Je passe 90 % de ma vie devant mon ordinateur » – à une sorte de quête existentielle. Si « Seb la Frite » surjoue habilement les faux candides, c’est pour mieux mettre en scène l’émergence de ses questionnements personnels : comment divertir tout en ayant un impact positif ? Comment garder la frite dans un monde qui s’effrite (blague) ? Cette forme d’exploration tournée à la fois vers l’extérieur et vers l’intérieur est saluée sur les réseaux par les internautes de sa génération, qui partagent les mêmes inquiétudes et se reconnaissent en lui.

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